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Jean SEGURAContact par e-mail : jean@jeansegura.fr |
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14 novembre 2009 Une première version de cet article a été publiée dans Inamag, "Le magazine de l'image et du son n° 7", Septembre 1998 - INA. IVème et Vème République : Cinquante ans d'audiovisuel en France par Jean SEGURA avec Cécile Margain De de Gaulle à Chirac, du noir et blanc à la couleur, de la télévision hertzienne au câble et au satellite, du monopole des ondes à la pluralité des chaînes TV et de la bande FM, la Ve République cohabite depuis quarante avec un paysage audiovisuel qui aura été à la fois sa caisse de résonance et son miroir. Chronologie et point de vue parfois acide d'un expert : Leo Scheer. Sous la IVè République (1945-1958)
Charles de Gaulle (1958-1969)
La célèbre horloge de la télévision française dans les années 1960
Mire ORTF de la 2e chaîne qui nait le 18 avril 1964 en noir et blanc 625 lignes
Georges Pompidou (1969-1974)
Lancement de la 3e chaîne, en couleur le 31 décembre 1972
Valéry Giscard d'Estaing (1974- 1981)
Logo de la Régie française de publicité sur un écran TF1
Ci-dessous les sept sociétés issues du démantèlement de l'ORTF
François Mitterrand (1981-1995)
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Jacques Chirac (1995-1998)
Chronologie et données établies par Jean SEGURA
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QUELQUES CHIFFRES La durée hebdomadaire des programmes de télévision passe de 12 heures en 1947 à 20 en 1950, 34 en 1953 et à une cinquantaine en 1960. |
Comment les hommes de pouvoir (politiques et chefs d’entreprise principalement) se sont appropriés l’outil audiovisuel ? Septembre 1998 Entretien de Jean Segura avec Léo Scheer à partir des deux approches suivantes 1) L’audiovisuel peut être considéré comme un appareil au service du pouvoir (voir la fameuse phrase du président Georges Pompidou en 1972 « la télévision est considérée comme la voix de la France »). 2) L’audiovisuel est une plate-forme médiatique incitant les personnages politiques (et d’autres) à devenir des acteurs qui vendent leur image en même temps que leur message (voir les « cas » De Gaulle, Marchais, Tapie, Mitterand, Chirac, Le Pen, etc.). Comment les hommes de pouvoir se sont approprié l'audiovisuel me semble être un contre sens dans la mesure où c'est l'inverse qui s'est passe : ils ont perdu le contrôle aussi bien du medium que du message face à l'outil audio visuel. I) On pourrait distinguer les différentes étapes suivantes dans la lente etinexorable perte de contrôle de l'outil audio visuel au cours de la 5e République. Au début était De Gaulle, cette période initiale se caractérise par un contrôle complet du système : un seul réseau, une seule institution, l'ORTF, un seul contrôle par l'Etat dans la plus pure tradition du centralisme national et du service public, mais aussi par une véritable maîtrise du contenu, symbolisée par les performances du chef de l'Etat lui-même, faisant "passer" ses messages comme probablement plus personne ne parviendra plus à le faire dans le personnel politique après lui. Bon, voilà un début de discussion avec toi qui permet de lancer la polémique par rapport aux idées qui ont beaucoup de succès en ce moment et qui voudrait nous faire croire que les media sont de plus en plus sous le contrôle du pouvoir.... II) L'autre aspect de la question sur l'appropriation de l'outil audiovisuel par les hommes de pouvoir concerne les "chefs d'entreprise". On pourrait considérer que la perte de contrôle par l'Etat se fait au bénéfice d'une logique capitaliste, et que les puissances de l'argent, le "grand capital", prennent le relais de la puissance publique avec le processus de libéralisation. Toutes les apparences vont dans ce sens. Et pourtant.....Ceux à qui l'on confie les "tuyaux" ne sont que les "amis" du pouvoir politique, et la logique qui préside à l'attribution des réseaux ressemble plus à un petit jeu de palais qu'à celle, implacable, des loi du marché et de la compétition économique. Nous sommes loin, dans la France de la 5e République, d'une évolution capitaliste de l'audiovisuel ; les élus sont rarement les groupes susceptibles de concurrencer les grandes entreprises internationales du secteur de la communication et les critères restent trop archaïquement politiques pour que notre PAF n'ait pas un arrière goût de république bananière. Le Triomphe de l'ânerie ? III) Sur les idées un peu réactionnaires de la fin, ce que je veux dire, c'est que dans un premier temps on a vu arriver des "Monsieur Ceci et Cela", Monsieur Guerre du Golfe, Monsieur Philosophie, Monsieur Littérature, Monsieur Science, Monsieur Economie etc, qui progressivement ont pris la place des vrais spécialistes, des vrais philosophes, des vrais économistes etc. Ce phénomène était amplifié par les mécanismes liés à l'édition et à la diffusion des livres qui s'est mis à fonctionner en vase clos avec la télévision, devenue un point de passage obligé pour vendre des livres. Et puis petit à petit, ces fausses valeurs ayant fini leur carrière, on a découvert que "pas de valeur du tout" c'était encore plus efficace que "fausse valeur" et que ça se diffusait mieux, plus largement. C'est ainsi qu'on est arrivé à cette conquête de l'audiovisuel par le vide et par les "stars" du vide, dont je voudrais qu'on comprenne bien qu'il ne s'agit pas ici de les dénoncer au nom de je ne sais quel enjeu culturel totalement dépassé, mais de comprendre le rôle social qu'ils assument. Ils constituent en effet le véritable rempart que la société s'est construite pour se défendre contre les politiques et contre les fausses valeurs. C'est le public qui a décrété qu'il préférait le rien à l'usurpation, et finalement, tous ces animateurs débiles sont plébiscites par le public en lieu et place de tous les donneurs de leçons que la masse ne veut plus entendre, pas plus qu'elle ne veut suivre les idéologues. Léo SCHEER Léo Scheer : ancien directeur du développement du groupe Havas 1980-1984 et de Publicis 1984-1988, concepteur de Canal +, de TV6, d'ASTRA, membre de la Commission Campet sur l'Audiovisuel Public, et de la Mission Autoroutes de l'Information. Il est actuellement Directeur de l'Observatoire de la Television. Auteur de la Démocratie Virtuelle, 1984 Flammarion, et de l'Hypothèse de la Singularité chez Sens et Tonka 1998. |